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Mon objectif est de vous faire découvrir le trek du Camp de Base de l’Everest ( EBC pour Everest Base Camp ). Grâce aux photos et aux textes présentés vous pourrez vous plonger dans ce trek, un des plus connus et des plus beaux du Népal, comme si vous le parcourriez vous même pour la première fois avec un regard émerveillé. Je tiens également à montrer que ce trek est accessible à tout randonneur bien entrainé et motivé par cette aventure.
Nous sommes arrivés à Lukla ( 2840 m ) à environ 9 h du matin après un vol d’une heure depuis Kathmandou. Pendant que nous récupérons nos bagages, Gyanzel Sherpa, mon ami et guide népalais, s’occupe de recruter des porteurs parmi ceux qui attendent une éventuelle embauche. Sous la surveillance de Gyanzel, les porteurs se répartissent nos sacs qu’ils devront porter pendant tout le trek. Chacun d’eux transporta sur son dos près de 40 kg ( soit 2 sacs appartenant à 2 trekeurs différents ). Quand Gyanzel nous dit que tout est enfin près nous nous saisissons de nos sacs à dos et , impatients d’en découdre, commençons le trek.
Après trois heures de marches, affamés, nous avalons goulument notre premier dhal bath ( plat national népalais constitué d’une énorme assiettée de riz accompagnée d’un bol de lentilles, de quelques légumes frais et de piments ). Pendant ce premier parcours nous avions présenté nos permis de trek au check post qui enregistre tous les trekeurs qui pénètrent dans le Sagarmatha Park.
Après le repas, nous reprenons la marche, traversons de nouveaux ponts suspendus qui enjambent de magnifiques torrents puis entamons l’interminable montée vers Namché Bazar en compagnie de courageux et infatigables porteurs qui acheminent d’énormes charges destinées à approvisionner Namché Bazar, la fameuse capitale du pays Sherpa.
Cette dernière grimpette d’environ 600 m nous a épuisé pendant plus de 2 h, aussi nous sommes enchantés d’ atteindre enfin Namché Bazar perché à 3440 m. Il faut avouer que pour une mise en jambe, cette première journée a été assez dure.
Afin de nous acclimater à l’altitude, nous passons un jour supplémentaire à Namche Bazar. Nous en profitons pour visiter la ville, son monastère tibétain et pour faire quelques emplettes dans les innombrables échoppes qui vendent polaires, doudounes de montagne, piolets, cordes mais aussi encens, drapeaux à prières… Le dépaysement est total et nous sommes tous enchantés par ces deux premières journées de trek. Les paysages sont spendides, l’aventure commence bien et promet d’être extraordinaire.
Namche Bazar ( 3840m ) – Tenboche ( 3860 m )
Ce matin, nous quittons Namché Bazar. Nous avons avalé un bon petit déjeuner composé de tibétain bred, de pan cake, de confiture et de thé. Les porteurs, pour leur part, on englouti d’énormes assiettes de dal Bath. Ce sera leur régime quotidien matin, midi et soir.
Le sentier grimpe très raide pour sortir de Namche Bazar bâti sur un flanc de montagne. Ensuite nous cheminons sur un chemin plus facile puis, après avoir gravi quelques beaux escaliers de pierres, nous découvrons un paysage magnifique. Sur notre droite le Thamserku, le Kantega et l’Ama Dablam ( le Cervin népalais ) se dressent orgueilleusement dans le ciel à plus de 6000 mètres. Le fond de la vallée est lui aussi barré par d’immenses sommets himalayens tous plus beaux les uns que les autres. Quel spectacle !
Nous marchons dans ce magnifique décor pendant environ 3 h puis faisons halte pour le repas de midi. Pattes au fromage rappé, un black tea et des biscuits vites avalés dans un guest house ( gîte ) longeant le sentier et nous reprenons notre marche. Après 3 nouvelles heures d’effort nous arrivons enfin à Tengboche situé à 3860 m. Nous nous installons dans un beau guest house puis partons assister à la Puja ( cérémonie bouddhiste ) qui se tient dans un grand et magnifique monastère.
Tengboche ( 3860 m ) – Pangboche ( 3930 m )
A 5 heures, nous avons assisté à la puja du matin dans l’immense monastère de Tengboché. Les moines, assis en rangs, sont couverts d’un manteau rouge qui les protège du froid vif qui règne dans l’édifice. Assis sur des tapis, nous observons la cérémonie bouddhiste.
Les moines psalmodient leurs prières sur un ton grave et envoutant puis certains jouent des trompettes, des gongs, des cymbales dans un tintamarre symbolisant l’agitation de l’âme. Ensuite les psalmodies reprennent et nous plongent au plus profond de nous même.
Rentrés au guest house, nous prenons notre petit déjeuner puis reprenons notre périple. Aujourd’hui la journée sera courte car nous rejoindrons Pangboché qui n’est qu’à 3 heures de marche de Tingboché. Pour cela nous traversons une forêt de rhododendrons, descendons jusqu’au torrent qui coule au fond de la vallée puis grimpons à flanc de colline sur la rive opposée à Tengboché.
Arrivés à Pangboché pour le repas de midi, nous profitons de l’après midi pour visiter le monastère qui jouxte notre guest house. Dans celui çi nous découvrons avec étonnement des fragments du crane du mythique Yéti. Le reste de l’après midi, certains se reposent tranquillement, admirant l’Ama Dablam qui s’élance magnifiquement dans les cieux, pendant que d’autres visitent le village et ses alentours.
Pangboche ( 3930 m ) – Phériché ( 4240 m )
Aujourd’hui, les choses sérieuses vont commencer car nous allons rejoindre Phériché situé à 4240 m. Après 7 h de marche nous franchirons la barre des 4000 m.
Nous remontons le cours de l’Imja Khola ( khola = rivière ) sur sa rive droite, grimpant et descendant de nombreuses collines qui nous séparent de notre but. Le paysage est magnifique, de nombreux sommets étincellent dans l’azur d’un ciel limpide. Avec l’altitude l’air est plus vif, les efforts sont plus éprouvants, mais pas après pas, notre petit groupe progresse inlassablement dans un décor grandiose.
Phériché est un petit village situé à l’entrée d’un plateau immense. A partir de maintenant le paysage devient vraiment minéral, himalayen.
Peu à peu le brouillard envahit le village dans lequel nous nous promenons en attendant l’heure du repas. Parfois, comme dans un mirage, des paysans guidant leurs yacks, apparaissent à travers la brume épaisse puis disparaissent lentement comme engloutis par les nuages.
Phériche ( 3840 m ) – Journée d’acclimatation.
Arrivés à près de 4000 m, il est important de réserver une journée à l’acclimatation car les risques de Mal Des Montagnes deviennent bien réels à partir de cette altitude. Certains, pressés de gagner le Camp de Base de l’Everest, ont dû rebrousser chemin avant de l’atteindre faute d’avoir respecté cette précaution.
Nous profitons donc de cette journée pour visiter le centre de soins destiné à apporter les premiers secours aux victimes du MDM, ensuite nous faisons une virée sur le magnifique plateau tibétain cerné de magnifiques sommets, puis enfin, passons la fin de l’après midi à nous reposer et à boire quelques black tea dans le guest house. Passé le couché de soleil, malgré un gros poële à bois, ou plutôt à bouse de yacks, il fait froid dans le lodge , aussi nous mangeons rapidement et allons nous coucher de bonne heure. Gyalzen nous à averti que la journée de demain serait rude et que nous devrions être en pleine forme pour l’affronter.
Phériché ( 3840 m ) – Lobuché ( 4910 m ).
Nous nous levons à 6 h et prenons notre petit déjeuner muni de nos doudounes car il gèle dans le guest house. Dehors une fine couche de neige recouvre le sol. Tout est calme et silencieux, d’une beauté totale.
Nous entamons notre marche dans un froid glacial. Nous marchons bon train afin de nous réchauffer un peu. Nous traversons le plateau pendant une bonne heure puis, bifurquant plein nord, entamons une longue et épuisante montée qui nous mène jusqu’à un col orné d’un beau stupa blanc. Après deux nouvelles heures de marche nous atteignons Dhugla ( 4620 m ). Nous faisons alors halte pour un bref repas pris sur la terrasse du guest house qui est en bordure du sentier. Le soleil brille et nous profitons de la chaleur de midi pour déjeuner en plein air.
Nous reprenons notre route et gravissons péniblement une terrible montée de 300 m de dénivelé qui nous conduit à un nouveau col. Là, de nombreux chörtens ont été construits en hommage à des alpinistes disparus sur les sommets himalayens avoisinants. Le temps est beau, le ciel limpide, les montagnes étincelantes, les drapeaux à prières claquent dans le vent violent. Le paysage est d’une infinie beauté mais les chörtens nous rappellent que la montagne peut être aussi cruelle que belle.
Quittant le col nous longeons l’énorme moraine qui nous sépare du glacier Khumbu qui descend de l’Everest. Le terrain est plus plat mais avec l’altitude notre progression devient lente et pénible. Enfin arrivés à Lobuché nous sommes impatients de nous installer dans un des guest house et de nous réchauffer avec un thé brulant.
Le confort du logement est très spartiate et ce soir nous dormirons tous dans un même dortoir. La promiscuité nous tiendra peut être un peu chaud dans ce guest house glacé. La journée a été éprouvante, le gîte est rustique, nous avons froid, mais demain nous seront à Gorak Shep, aux pieds de l’Everest.
Lobuche ( 4210 m ) – Gorak Shep ( 5140 m ).
La nuit dans le dortoir a été glaciale, en effet nous sommes à 4210 m et le guest house ressemble assez à une masure sommairement aménagée. Après avoir avalé un thé bouillant et quelques chapatis, nous sommes près pour le départ. Nous sommes chanceux car le temps est au beau fixe et bientôt les rayons du soleil nous réchaufferons. Le paysage est toujours aussi magnifique.
La carte topographique n’indique que 230 m de dénivelée positif entre l’étape de départ et celle d’arrivée mais nous constatons vite que la marche de 4 h qu’il nous faut accomplir ne sera pas si aisée qu’il paraissait. En effet, nous longeons toujours le glacier du Khumbu mais parfois le chemin empreinte la moraine et nous montons et descendons des montagnes russes. Avec l’altitude les efforts deviennent de plus en plus éprouvant malgré notre progression très lente.
Enfin nous arrivons à Gorak Shep. Trois ou quatre guest house s’étalent dans une petite vallée pierreuse mais autour d’eux c’est un spectacle grandiose constitué de sommets étincelants entre 6 et 7000 m : Lobuche, Changri, Pumo Ri, Khumbutse… Malheureusement l’Everest reste invisible. Il est pourtant si près !
Nous sommes partis tôt, il n’est que 11 heures aussi je propose un nouveau challenge à notre petite équipe : » Le camp de Base de l’Everest n’est qu’à 1h30 de marche, nous posons nos sacs à dos, buvons un thé, mangeons quelques biscuits et nous repartons aussi tôt. Nous avons le temps de faire l’aller retour jusqu’au Camp de Base avant la nuit. » Bien sûr tout le monde est partant malgré la fatigue.
Nous progressons lentement mais régulièrement sur le sentier qui se faufile entre les blocs rocheux de la moraine du glacier du Khumbu. Le parcours nous semble interminable mais soudain nous débouchons l’EBC ( 5434 m ) !
Une vingtaine de tentes sont comme des confettis de couleurs déposés au milieux des rochers. Au dessus d’elles, dans un cirque extraordinaire, quelques uns des plus hauts sommets himalayens s’élancent vers les cieux. L’Ice Fall est face à nous avec ses blocs de glaces gigantesques, des séracs énormes semblent comme suspendus dans le vide, prêts à choir, plus haut, des pentes presque verticales du Lhotse ( 8501 m ) sont recouvertes de draperies blanches, les sommets des géants himalayens semblent toucher le ciel cristallin, à plus de 4000 m au dessus de nos têtes. Enfin, l’Everest ( 8848 m ), énorme pyramide de roche et de glace, impose sa présence monumentale.
Il commence à neiger sur le Camp de Base, aussi il est grand temps pour nous de retourner à Gorak Shep. Demain, nous grimperons le Kala Pattar ( 5550 m ) pour admirer le lever de soleil sur l’Everest, puis, des images magnifiques plein la tête, il nous faudra entamer le retour vers Namche Bazar, heureux et fiers d’avoir pleinement réalisé tous nos objectifs de trek.